Charente

Même type de constat ici qu’en bien des territoires : la Charente manque cruellement de médecins, avec une densité médicale pour les médecins généralistes de 66,60 pour 100 000 habitants au 1 er janvier 2024 (source : CPAM-Charente) – à titre de comparaison, elle est de 196 médecins
généralistes pour 100 000 habitants à Paris. Si l’on compte l’ensemble des praticiens (généralistes + spécialistes), les chiffres passent à 130 pour 100 000 habitants en Charente en 2023, contre 234 pour 100 000 à Paris, et 340 pour 100 000 à Nice (source : INSEE).
Dans notre département, 34 403 bénéficiaires du régime général de la Sécurité Sociale (sur 329 360) sont sans médecin traitant aujourd’hui (20 avril 2024) ; entre 2011 et 2024, le nombre de médecins généralistes libéraux a diminué de 27,64%, et celui des spécialistes de 19,77%. Tous ces chiffres sont récents (source : CPAM-Charente). Même en zone péri-urbaine comme à Saint-Yrieix, on constate un déficit de médecins généralistes. Les communes sont mises en concurrence et paient parfois le prix fort pour que des praticiens  s’installent sur leur territoire, au détriment des autres. 

Enjeu sanitaire majeur qui met en danger la santé et la vie même de la population, puisque statistiquement l’espérance de vie diminue de 2,3% en zone rurale. L’ACCDM pense que la solution ne peut être que politique : la santé publique est une compétence de l’Etat, et l’accès aux soins un
droit pour le citoyen, qui finance le système de santé par ses impôts et ses cotisations – et qui finance aussi les études de médecine. Et ce serait sans contrepartie ? Question éminemment républicaine. Le problème est grave, urgent bien que parfaitement identifié de longue date.
Il transcende les clivages partisans.

Des députés bougent, des sénateurs aussi. Des maires s’activent, d’autres se reconnaissent
impuissants à trouver des solutions. Mais en attendant que des lois soient votées, il va se passer beaucoup trop de temps pour le citoyen « lambda » qui a besoin d’être soigné, se voit refuser un
rendez-vous par les médecins qu’il lui faut solliciter ailleurs (et parfois loin), et parfois renonce.

Il y des années qu’on voit venir les choses. La population souffre. En silence jusqu’à quand ?

Contacts :

Anne et Pierre ORTH (Sud Charente) : 
 Marie-Annick VILLETTE (Nord Charente) :  desertsmedicaux.charentenord@gmail.com

BILAN démographie médicale et accès aux soins CHARENTE :

- 37 130 Charentais sont sans médecins traitants

en 2023 (35 000 en 2021), sur 350 000 (population totale de la Charente) Chiffres de la CPAM cités dans la Charente Libre du 15 janvier 2023. Soit un peu plus de 10% des Charentais.

NB : annulation pendant les 12 premiers mois de la majoration du remboursement de la consultation si on va voir un autre médecin que celui qui a été déclaré comme « médecin traitant » à la Sécurité Sociale (après quoi, consultation remboursée 30% au lieu de 70%). Loi VALLETOUX passée en décembre 2023.

- 30% des communes de Charente

sont sans médecin traitant (Nicole BONNEFOY, sénatrice de la Charente, rapport au Sénat fin 2020). Toujours d’après Nicole BONNEFOY, la Charente fait partie des « top 10 » départements classés comme déserts médicaux

- Baisse de 18,4% des généralistes entre 2010 et 2021

et de 17,7% des spécialistes (La Charente Libre, 9 novembre 2021).

NB : 883 médecins (généralistes + spécialistes) en Charente en 2023 (INSEE 14 septembre 2023); 470 généralistes en 2022 (Egora 11 juillet 2022)

- Densité médicale en Charente pour les généralistes

(Observatoire des Territoires. 2020) :

73,6 pour 100 000 habitants

NB : Hautes-Alpes : 139,3 ; Paris 115,6 ; Gironde 120 ; Charente-Maritime 102,8 ; Sarthe 62,2

- Départ annoncé de 47 généralistes dans les 3 ans à venir

(soit -10% de l’effectif actuel, déjà insuffisant)

- Déconventionnements

1 à Villebois-Lavalette en décembre 2023 ; menace que font peser les syndicats de médecins, par exemple si on touche à la liberté d’installation, ou si on rétablit l’obligation de gardes (pour décongestionner les urgences)

- Médecins salariés : 19 en Charente

qui pèsent lourd dans les finances du Département. 35h par semaine. Départ brutal d’1 de ces médecins de Brossac, non remplacé.

NB : le salariat est une tendance de plus en plus marquée chez les jeunes médecins, qui ont peur de la charge de travail s’ils s’installent en libéral.

- 28% des nouveaux généralistes

en Charente viennent de l’étranger (hors UE)

- Cas de Saint-Yrieix

(désert médical péri-urbain) : MSP pour 7 professionnels de santé, 1 seul MG pour 7500 habitants, reprise par le groupe AQODI, refus des MG d’Angoulême à prendre nouveaux patients (si pas intra muros)

- Recul de l’espérance de vie de 2,3 ans en zones rurales

par rapport aux zones urbaines (valeur nationale)

Point positif : bon maillage hospitalier en Charente grâce aux hôpitaux de proximité. Pas de Charentais à plus de 35mn d’un hôpital.

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