Le 18 octobre 2020, le courrier suivant a été adressé à nos sénateurs et députés.

Madame, Monsieur,
Membre de l'Assemblée nationale, Membre du Sénat,


Depuis vingt ans, la succession des rapports parlementaires est symptomatique d'une crise qui ne cesse de s'aggraver alimentant chez les Français un sentiment d'injustice et une sourde colère.

En janvier 2020, neuf millions d'assurés sociaux n'avaient plus de médecin traitant. Au cours de l'année, l'épidémie est galopante et le cap des dix millions sera dépassé.

Dans certains départements, la Sécurité sociale en arrive à dispenser les patients de désigner un médecin-référent, plutôt déroger à la règle que résoudre le problème ! Les conséquences ? Vous les constatez dans vos circonscriptions.

Le préambule de la Constitution de la Cinquième République affirme que « [La Nation] garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé » .


Cette garantie repose sur la régulation de l’installation des médecins, la mesure est évidente. Tellement évidente qu'on lui objecte souvent qu'il s'agit là « d'une fausse-bonne idée » sans dire en quoi elle est fausse, ce
qui serait un mensonge, ni en quoi, elle est bonne, ce qui serait un aveu.
Certains préconisent la télémédecine - alors que les praticiens rappellent l'importance de l'auscultation, d’autres la création de dispensaires, vocabulaire des temps coloniaux et des bidonvilles. Bref : des mesures de
relégation d’une partie croissante de la population.


Et il y aussi ceux qui menacent d’une pénurie de vocations, alors que jamais l’attrait pour les études de médecine n’a été aussi élevé notamment dans les milieux populaires dont les enfants seraient fiers d’exercer
dans les campagnes et villes abandonnées.


Les mesures de régulation sont une évidence pour une raison démocratique encore plus fondamentale : l'article 14 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.

En retardant les mesures qui s’imposent, le fossé entre l’opinion parlementaire et celle des citoyens se creuse toujours plus, délégitimant l’acte premier des Assemblées républicaines : le vote des lois de finances dont celle en l’occurrence de la Sécurité sociale. L’absence de décisions de régulation ruine la confiance du contribuable dans la Représentation nationale.

En tant qu’association nationale, l'Association de citoyens contre les déserts médicaux vous pose la question sur votre volonté de réparer au nom des principes de la République l'inégalité d'accès aux soins en votant, au travers de la Loi de finances de la Sécurité sociale ou toute autre loi, une réforme de l'installation des médecins libéraux par des règles de régulation territoriale ?

Dans l'espoir de votre réponse, au nom des adhérents de l'Association, je vous prie, Madame, Monsieur, de croire à l'assurance de ma haute considération.

Maxime LEBIGOT - Président ACCDM Dr Laure ARTRU – Vice-Présidente

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